Peña taurine "Vivement 5 Heures" de Plaisance du Gers

   LES RESEÑAS DU 14 JUILLET 2011

Plaisance… vers le rêve

La tauromachie à Plaisance, une très vieille histoire qui, de génération en génération, se relaie. Les dix ans qui viennent de s'achever sont ceux d'un renouveau au lendemain de quelques essais sans succès dans les années 1950. Dix ans et une continuité qui est aussi une forme de fidélité. Aimé Gallon avait fourni la première novillada… il est revenu les deux années suivantes. Ce sont aujourd'hui ses fils, Michel et Jean-Pierre, qui ont relevé le défi d'amener six erales d'origine Hermanos Sampedro. De cette novillada, on ne peut qu'attendre le meilleur… parce que, depuis quelques mois, les arènes du Val d'Adour… et les autres aussi accueillent un jeune torero mexicain qui apporte un nouveau souffle dans les novillada sans picadors…

Plaisance apporte une note de découverte dans le calendrier taurin… une tauromachie de simplicité et de volonté. On est avec de jeunes garçons qui ont le désir de réussir. Plaisance, c'est le sable où l'on commence à se forger un nom. Pour avoir la moindre chance pour continuer, il faut réussir sa présentation sur les bords de l'Arros. Beaucoup de garçons passés par cette école se sont un jour présenté pour l'alternative. Le dernier d'entre eux était Marco Leal, aujourd'hui torero. David, Brandon ou Sofianito ? Les trois veulent poursuivre leur rêve ; ce soir, ils franchiront une nouvelle étape vers le bonheur. Les aficionados sont avec eux.

Jean-Michel Dussol


Un bel anniversaire

Pour son 10e anniversaire, la peña Vivement cinq heures avait mis les petits plats dans les grands, jeudi dernier, afin que la journée soit une réussite. Elle l'a été de bout en bout grâce à l'implication totale de tous les bénévoles qui, en amont, ont réalisé un travail discret mais efficace pour que tout se déroule comme prévu.
Dès le matin, le petit-déjeuner à la fourchette réunissait ceux qui, venus de loin, avaient besoin de réconfort. La becerrada matinale voyait les arènes se remplir de moitié, ce qui était de bon augure pour l'après-midi. Nelly, Louis, Yanis et un petit Dacquois de 10 ans séduisaient le public et la présidente qui, généreusement, accordait de symboliques oreilles.
Fréquentation record
Les tapas agrémentaient un apéritif pris d'assaut, bercé de flonflons musicaux. La participation aux repas explosait son compteur. Durant celui-ci, égayé par la banda Al Violin de Samadet, arrivaient sur la scène les Sévillanes d'Alma Séréna, qui donnaient un premier aperçu de leur immense talent à un public ravi par tant de charme. Les rugbymen avaient aussi droit au podium, accompagnés par leur supporteur le plus ancien Pierre Fort, alerte nonagénaire. Arrivait la novillada avec des Gallon bien présentés, et des novilleros au comportement satisfaisant. Sur les étagères, un public record s'était massé, à l'ombre et au soleil. Il a su exprimer sa satisfaction par des encouragements et des bravos nourris.
Suivait la soirée casetas qui, elle aussi, n'avait jamais connu une telle affluence. Alma Sérana dansait au milieu d'un public subjugué par la beauté des danseuses, la nuit tombait peu à peu et le feu d'artifice arrivait pour permettre aux bénévoles de souffler enfin.

Marcel Lavedan - SUD-OUEST


Un juste retour des Gallon à Plaisance

La ganaderia des frères Galllon revenait à Plaisance. On a retrouvé du bétail encasté, avec la noblesse du sang Sampedro, armés astifinos mais les novilleros n'exploitèrent pas toujours l'embestida des novillos. Le public a reconnu la valeur de ce lot homogène à l'exception du 5e, tous furent applaudis à l'arrastre. Au palco, officiaient Guy Tanguy à la présidence avec comme assesseurs Paul Bergamo et Fabrice Lacombe.
David Gonzalez (vert printanier et or). Le novillo a débuté en infligeant une voltereta à Brandon Campos lors du quite ; David s'est engagé dans une série de naturelles mais en se déplaçant, tirant trop peu la muleta, le novillo se retournait très vite et ça a été la voltereta. En fin de faena, il a serré davantage ses passes et a conclu par des statuaires, pieds rivés dans le sable. Une épée entière bien poussée et ce fut la vuelta. Avec son deuxième, il essaya de varier avec, notamment, deux dorsales en fermant le cercle et il a prolongé par des manoletinas. Il a ferraillé à l'épée et n'a tué qu'au 9e descabello. Deux avis. Silence. Brandon Campos (crème et or). Il a très bien accueilli ce novillo de fort trapio à la cape, Sofianito a complété ce tercio par des chicuelinas. Après avoir partagé les banderilles avec Gonzalez, Brandon a entrepris une faena des deux mains avec une domination dans toutes ses passes. La charge longue du novillo lui a permis des naturelles bien dessinées. Il a tenté des manoletinas mais a été accroché. Une entière en s'engageant sur le frontal et une oreille est tombée du palco.
Son deuxième chutant sur un coup de cape s'est blessé et a perdu de sa mobilité et de son agressivité ce qui ne l'a pas empêché de charger Brandon sur son encolure qui, plusieurs fois encore, s'est retrouvé dans le berceau des cornes. Il l'a dominé enfin pour lui servir une série de statuaires. Un avis après quelques contacts infructueux à l'épée et trois descabellos. Silence.
Sofianito (feuille d'automne et noir). Le sorteo lui a attribué le meilleur novillo. David et Brandon ont offert en ouverture une série de passes al alimon. Le péon banderillero El Santo a été appelé à saluer après la pose de deux paires de banderilles sur le saut. Sofianito a profité pleinement des charges répétées du novillo, le citant de loin et l'enroulant dans des derechazos ou des naturelles toujours templées. Sa muleta ferme a gardé la tête du novillo. Sa technique affirmée a imposé une domination totale au novillo. Trois tentatives à l'épée, la dernière efficace. Par sa froideur technique, sa tauromachie n'arrive pas jusqu'aux tendidos.
À son deuxième, Gonzalez est intervenu en gaoneras, El San Gillen a planté avec classe quatre banderilles, Sofianito a composé une faena mais moins structurée que pour le premier, concluant par des manoletinas. Demi-épée et un descabello. Invitation à la vuelta.

Pierre Dupouy - SUD-OUEST


Plaisance. Brandon Campos coupe l'unique oreille

Une oreille… coupée par Brandon Campos, c'est le seul trophée de cette novillada sans picadors de l'anniversaire des dix ans de tauromachie à Plaisance-du-Gers. En fait, c'est un peu la faillite des novilleros que cette course où le bétail des frères Michel et Jean-Pierre Gallon permettait beaucoup mieux. Mais il fallait se souvenir des fondamentaux de la tauromachie et notamment qu'il convient de laisser la muleta sous le museau du taureau. Pourtant, tout avait plutôt bien commencé avec un Gonzalez qui avait envie de réussir. Il échangeait les banderilles avec Brandon et, face à un novillo d'une grande noblesse, on n'a pas compris son demi-échec, renversé deux fois pendant une faena qui n'aurait dû être que rêve. Une entière, vuelta. Quand il reviendra dans l'arène, il demeurera très superficiel et ne convaincra jamais et, après de multiples agressions et deux avis, se contentera du silence de l'arène. On savait que Brandon Campos avait une autre dimension… et il l'a rapidement démontré avec le deuxième novillo, parfait pour un artiste, doux dans ses charges et sans un coup de tête. Brandon a rapidement trouvé un rythme de suavité et, sur les deux mains, est parvenu au tempo idéal. Jamais une erreur dans ses placements et ses cites. Il terminera d'une manière de rêve avec un grand coup d'épée, le tout récompensé d'une oreille. Mais, avec la faiblesse de son deuxième adversaire, il était impossible de triompher et il dut rapidement réduire la voilure. Toutefois, Brandon Campos aura tout essayé mais sans succès, pinchazo, entière et trois descabellos avec un avis, silence. Quant à Sofianito, le vainqueur du bolsin de Bougue, il est apparu bien pâle. Toutefois, à sa première sortie, on retiendra ses cites de loin et une façon très séduisante d'embarquer le toro dans sa danse. Mais, sur cet excellent novillo, il demeurera tout de même superficiel (silence). Ce n'est guère mieux avec le dernier Gallon de la journée où il ne trouvera jamais la bonne distance. Il s'offre tout de même une vuelta. Il y avait, hier, à Plaisance, un lot intéressant de Gallon, Brandon Campos et un excellent trompettiste de l'harmonie de Samadet.

Jean-Michel Dussol - LA DEPECHE DU MIDI